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La COP15 est officiellement terminée et elle s’est conclue avec l’adoption du Cadre mondial Kunming-Montréal. Si on lit la presse ou les réseaux sociaux, on oscille entre ceux qui célèbrent des avancées majeures pour la biodiversité et ceux qui restent dépités que la Coupe du Monde de soccer ait éclipsé les deux récentes COP (27 et 15). Alors, au milieu de tout ça, que penser de cette COP15?
Quelques jours avant le début de la COP, notre collègue Alice de Swarte avait posé la question à Patrick Huard sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle : allait-on assister à une bonne COP ou une bad COP?
Avec l’année qui touche à sa fin, c’est l’heure pour nous de faire le bilan. Après avoir fait le top 3 des projets que nous souhaitions voir se concrétiser en début de COP, analysons maintenant les succès et les déceptions de cette COP15.
1 – Au niveau international
L’adoption du nouveau Cadre mondial est incontestablement une première victoire. Comme l’a souligné le Collectif COP15 dont la SNAP Québec fait partie: le Cadre mondial Kunming-Montréal est une avancée majeure pour stopper la destruction de la nature et de nos écosystèmes et se présente comme une occasion de transformer notre relation avec la nature d’ici 2030.
L’inclusion de cibles chiffrées, notamment la cible de 30% de protection d’ici 2030 des “zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, en particulier les zones revêtant une importance particulière pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques” au niveau mondial est la principale raison de célébrer cet accord.
Cependant, il reste à déterminer quelles vont être les actions concrètes des gouvernements quant à la mise en œuvre du nouveau cadre à l’international et dans quelle mesures les communautés locales seront impliquées.


2 – Au niveau du Québec et du Canada
Alors que nous avons des raisons de célébrer l’accord au niveau mondial, le bilan au niveau domestique est plus que mitigé.
Commençons par du positif. Les gouvernements du Québec et du Canada ont bien joué leur rôle d’hôte de la COP15, notamment en affichant de l’ambition sur la cible de 30% d’aires protégées d’ici 2030 et le soutien au leadership autochtone, et en annonçant des investissements conséquents.
Cependant, le Québec a échoué au test de la COP15. Le gouvernement du Québec s’est contenté de recycler des annonces et n’a engagé aucune nouvelle action pour contrer le déclin de la biodiversité au Québec:
- il est passé à côté de l’opportunité de mieux protéger le béluga en agrandissant le parc marin Saguenay-Saint-Laurent, un projet pour lequel le fédéral avait pourtant clairement affiché son appui,
- il n’a pris aucune mesure pour lutter contre la disparition du caribou forestier, malgré les demandes répétées des Nations autochtones et les recommandations de la Commission caribou,
- il n’a pas agi pour débloquer la protection de la rivière Magpie reclamée par l’Alliance Muteshekau-shipu, qui a pourtant reçu le Prix Droits et Libertés à la veille de la COP15.
On peut néanmoins se réjouir du leadership municipal, en particulier celui de la Communauté métropolitaine de Montréal et de la Ville de Montréal qui ont affiché et démontré de l’ambition, en annonçant par exemple la création d’un réseau de parcs métropolitains pour atteindre l’objectif de protection de 30%, notamment celui de l’Ile Sainte Thérèse.


3 – Au niveau de la société civile
Au niveau de la société civile, nous avons assisté à une mobilisation sans précédent. La société civile québécoise a su créer un véritable “moment Montréal” en réussissant à sensibiliser aussi bien les décideurs politiques que le grand public autour d’enjeux cruciaux pour la protection du vivant.
Le Collectif COP15, regroupant 104 organisations de tous horizons, a organisé en marge de la COP15 plus de 60 événements grand public au sein des Espaces Générations Vivantes (à l’UQAM et à la Maison du développement durable) qui ont réuni plus de 4000 personnes.
En témoigne aussi la Grande Marche pour le vivant et les droits humains qui a réuni plus de 3 500 personnes dans les rues de Montréal. Des organisations et des individus animés par des causes parfois différentes, tout en étant côte à côte pour la protection de la biodiversité.


4 – Au niveau de la SNAP Québec
Les équipes de la SNAP Québec étaient fortement mobilisées tout au long de la COP15. Pour influencer et peser sur les décisions des gouvernements, mais aussi pour faire rayonner médiatiquement les enjeux et les projets pour la protection de la nature au Québec
Voici quelques exemples de nos actions :
- la SNAP Québec a soutenu la participation de ses partenaires autochtones et à fait rayonner leurs voix avec l’organisation de plusieurs événements avec notamment le groupe Uapashkuss, les Premières Nations Innues de Pessamit et Essipit et la Nation naskapie de Kawawachikamach
- la SNAP Québec a directement contribué à donner un écho aux appels des scientifiques concernant les solutions aux causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, en organisant une conférence de 3 jours d’envergure internationale qui a réuni près de 600 personnes
- la SNAP Québec a été mentionnée plus de 100 fois dans les médias lors de la COP15 (dans des articles, des entrevues à la radio ou à la télévision)
- À la suite de la grande conférence sur les solutions aux causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, l’Appel de Montréal a été lancé par la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
L’Appel de Montréal est aujourd’hui soutenu et relayé par plus de 80 organisations et a pour ambition de porter le flambeau vers les futures COP, biodiversité et climat confondues, en invitant à la poursuite continue et accélérée de la réflexion sur les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité.
Une discussion importante et nécessaire pour changer notre rapport à la nature, et assurer la suite de notre monde.


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