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24 mai, 2023
Une journée à labourer le champ des possibles de l’écofiscalité

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Diego Creimer
Directeur, Finances et biodiversité

Ancien journaliste et curieux sans frontières, Diego a travaillé en communications et politique environnementale pour plusieurs organisations canadiennes. Petit producteur forestier en Beauce, il aime autant discuter de politique environnementale qu’écouter les gloussements des gélinottes au beau milieu d’une sapinière.


Il est trois heures de l’après-midi en ce mercredi de mi-printemps. Nous sommes dans la salle du Conseil municipal de Victoriaville. Dehors, la dernière neige du printemps surprend les fleurs qui ont déjà poussé sur les plates-bandes. Dedans, les idées sur de possibles mesures d’écofiscalité bourdonnent d’une tête à l’autre.

Autour de la table de la salle du Conseil, la directrice des finances de la ville, le directeur de la géomatique, le directeur du développement durable et celle des services juridiques débattent avec le chef de projet en écofiscalité et notre directeur du programme finance et biodiversité de la SNAP Québec : est-ce qu’on devrait viser le taux d’imperméabilisation pour financer la protection des milieux humides ? On ferait mieux de financer les solutions nature d’une manière plus générale ? Est-ce qu’on pourrait concevoir une redevance sur l’indice de réflectance des toits pour inciter les propriétaires des maisons, commerces et industries à adopter les toits blancs ou verts ? À travers toutes ces idées, comment inclure la société civile dans les démarches de réflexion et consultation menant à ces changements importants ? Doit-on consulter sur les grands principes, sur les mesures spécifiques, sur les deux ? Doit-on mener des consultations avant ou durant l’adoption de nouveaux règlements ? Ou les deux ?

L’équipe de la Ville de Victoriaville s’affaire à identifier les toutes premières mesures d’écofiscalité les plus aptes à son territoire (mai 2023)

Voilà que les efforts pour faire avancer les principes d’écofiscalité sur le terrain municipal suscitent des discussions inouïes. On défriche le terrain des idées et celui de leur application concrète. Comme dirait notre collaboratrice et experte en écofiscalité Fanny Tremblay-Racicot, on laboure « le champ des possibles. »

Bientôt, ces discussions aboutiront à des projets de règlement qui seront à leur tour analysés à fond par des avocat(e)s, des fiscalistes, des comptables et des élu(e)s avant d’être déposés pour adoption en Conseil municipal. Puis ils seront adoptés et entreront en vigueur. On pourra alors observer leur efficacité et voir des résultats concrets dans les paysages de ces municipalités : des îlots de chaleur qui rétrécissent progressivement, un indice de canopée croissant, des toits vers ici et là, des milieux humides acquis et protégés par la municipalité, et tant d’autres améliorations qu’on cherche depuis longtemps.

La réussite de ces mesures ici, sera la possibilité de réussite de ces mêmes mesures ailleurs. Une fois qu’une mesure d’écofiscalité a fait ses preuves dans une municipalité, elle peut facilement être adaptée ou copiée par une autre municipalité. La réplicabilité fait partie des avantages de cette approche.

Il est quatre heures et demie dans la salle du Conseil municipal de Victoriaville et la discussion achève. Nous partons pleins d’idées et des questions pour d’autres expert(e)s. Nous y reviendrons pour reprendre la discussion avec une liste d’angles morts et des corrections.

Voilà de quoi à l’air une journée de labourage des champs des possibles de l’écofiscalité dans le sud du Québec en ce printemps 2023.

On avance, une idée à la fois.