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26 juillet, 2024
Une course à relais pour la protection du territoire

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Pier-Olivier Boudreault
Directeur de la conservation, SNAP Québec

Lettre ouverte – SNAP Québec

Nous sommes en ce moment au tiers d’un sprint qui devrait ultimement, on l’espère, nous amener à protéger 30 % du territoire québécois. En effet, depuis le début du mois de juin et jusqu’en octobre, le gouvernement du Québec appelle la population à soumettre des candidatures de territoires à protéger via un processus d’appel à projets. Les Premières Nations mettent également l’épaule à la roue pour la préservation des milieux naturels et de la culture autochtone, qui sont interreliés.  

Cette course pour la protection du territoire, c’est une course à relais qui demande la participation et la collaboration de nombreux acteurs. Une fois les propositions d’aires protégées déposées, le gouvernement et les Premières Nations devront concerter tous les acteurs concernés par la conservation. Les utilisateurs de la forêt. L’industrie. Les municipalités. Les groupes citoyens.

Franchir la ligne d’arrivée

À la SNAP Québec, nous travaillons depuis plus de 20 ans à faire en sorte que ces acteurs se parlent et parviennent à des terrains d’entente. C’est fort de cette expérience que le gouvernement nous a confié une enveloppe de 3,3 M $ en 2021 pour soutenir plus de vingt partenaires régionaux menant des projets d’aires protégées en territoire public.  
 
Cette initiative, baptisée « Plein aire », a déjà obtenu des résultats concrets et significatifs dans le sud du Québec. Des territoires comme le mont Kaaikop dans les Laurentides, Saint-Mathieu-du-Parc en Mauricie ou une partie de la ZEC des Anses en Gaspésie ont vu leurs forêts anciennes, leurs sommets montagneux et leurs rivières à saumon protégés. C’est trois fois la superficie du parc national du Mont-Mégantic qui est désormais protégée.

Protéger du sud au nord

Pour l’atteinte de la cible de 30 % d’ici 2030, il faudra protéger encore 195 000 km2 de territoire. En plus des territoires au sud, plus petits, proches de la population et riches en biodiversité, il faudra protéger les vastes territoires du nord, riches en carbone et importants pour les espèces en péril comme le caribou et la culture des Premières Nations. 
 
En 2021, nous avons lancé la campagne « Ne perdons pas le Sud » pour éviter que 83 projets d’aire protégée au sud du Québec, couvrant 14 000 km2, ne passent à la trappe. Au moment d’écrire ces lignes, 25 des 83 territoires ont été protégés et cinq autres sont en voie de l’être
 
Quant au Nord, nous continuons à travailler avec nos partenaires autochtones, municipaux et citoyens pour la protection de territoires comme la Muteshekau shipu (rivière Magpie) ou le Pipmuakan, pour ne nommer que ceux-là. 
 
Ce qu’on peut espérer de mieux dans une course à relais, c’est que chacun fasse sa part. Nous avons fait le pari que si la participation du public est massive durant l’appel à projets pour la protection du territoire, le gouvernement et les MRC suivront la cadence et rempliront leur part du contrat.  
 
Une fois à la ligne d’arrivée, chaque territoire protégé va compter, qu’il soit au nord ou au sud, grand ou petit. C’est un réseau d’aires protégées représentatif, efficace et bien géré qui sera notre legs pour les générations à venir.  

Pier-Olivier Boudreault 
Directeur de la conservation, SNAP Québec 
24 juillet 2024