Un siècle de protection des oiseaux marins en Basse Côte-Nord!
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Coordonnatrice en conservation marine

Directeur de la conservation
Les refuges d’oiseaux migrateurs comptent parmi les aires protégées les plus anciennes au Québec, et plusieurs situés dans la région de la Basse-Côte-Nord célèbrent leur centième anniversaire cette année. Alors que se termine à Montréal la “Leadership Conference” annuelle de l’organisation internationale de conservation Audubon, l’occasion est parfaite pour parler de ces refuges voués à la protection des oiseaux marins.
À l’été 1833, l’artiste-naturaliste John James Audubon, dont l’organisation tire son nom, a voyagé par voie de mer sur la Basse-Côte-Nord à bord de la goélette “Ripley” et a récolté et dessiné les nombreux oiseaux marins et la faune qui s’y trouvaient. Dans ses lettres de voyage, il y dénonce la récolte abusive d’œufs d’oiseaux qui a finalement mené à la création des refuges d’oiseaux migrateurs en 1925.

Les oiseaux marins, des passants fascinants
La vocation de ces refuges, comme leur nom l’indique, est de protéger les oiseaux migrateurs qui viennent y pondre leurs œufs durant la saison estivale au Québec. Il s’agit d’une période critique pour le maintien de leurs populations; la qualité de l’habitat et des ressources alimentaires environnantes est cruciale pour assurer la pérennité de ces oiseaux captivants.
Des sites d’éducation, de recherche et de sensibilisation.
Dans les refuges d’oiseaux migrateurs, déranger les oiseaux est interdit. Bien que les conditions d’accès à ces sites varient de l’un à l’autre en fonction de leur propriétaire ou de leur gestionnaire, ces milieux ne sont pas nécessairement des cloches de verre. Plusieurs activités, par exemple, de recherche et d’éducation, de sensibilisation ou encore d’observation pourraient s’y dérouler. Aujourd’hui, une initiative locale issue d’un groupe citoyens de Blanc-Sablon et de Bonne-Espérance cherche par ailleurs à développer cette connexion à la nature notamment par la mise en place de structures d’observation de la faune et des paysages environnants.
On retrouve, dans les espèces qui fréquentent ces sites, des oiseaux comme le coloré macareux moine, aussi appelé perroquet de mer et qui a valu à plusieurs îles de la côte le nom d’Île aux perroquets. L’une de ces « îles aux perroquets » est d’ailleurs située dans le refuge d’oiseaux migrateurs de la Baie de Brador, près de Blanc-Sablon, le village le plus à l’est du Québec. Près des trois quarts de la population de macareux moines du Québec se retrouve dans ce refuge.
Plusieurs espèces d’oiseaux marins font leur nid dans les falaises de rochers surplombant la mer. Ils s’alimentent dans les eaux environnantes, souvent de petits poissons comme les lançons et le capelan, mais aussi le hareng et le maquereau. C’est le cas du petit pingouin, un oiseau présent au refuge d’oiseaux migrateurs de Saint-Augustin, près de la communauté innue de Pakuashipi.
D’autres oiseaux nichent plutôt sur le sol, comme les eiders à duvet, une espèce présente dans le refuge d’oiseaux migrateurs des Îles-Sainte-Marie, près de Harrington Harbour, un village sans route ni voiture, accessible seulement en avion et en traversier. La biodiversité dans ce refuge est très riche, avec plus de 14 espèces d’oiseaux marins présentes, sur la vingtaine que l’on retrouve au Québec.
Depuis leur création en 1925, les refuges d’oiseaux migrateurs de la Basse-Côte-Nord sont suivis par les chercheurs à tous les 5 ans. Ces données nous informent sur les variations dans les populations d’oiseaux marins sur une période de plus d’un siècle, ce qui en fait l’une des séries de données les plus longues collectées en Amérique du Nord pour ces animaux.
Mais comment se portent les oiseaux marins?
Depuis plusieurs années maintenant, le nombre d’oiseaux marins total observés dans les refuges est en hausse en Basse-Côte-Nord. Pourtant, cette augmentation ne témoigne pas de la réalité de toutes les espèces suivies. En effet, alors que dans les dernières années, les alcidés (guillemot marmette, petit pingouin, macareux moine) ont généralement vu leur nombre augmenter, d’autres espèces, comme celles des goélands argentés et des sternes pierregarin et arctiques ont pour leur part diminué. Les oiseaux marins que l’on retrouve en Basse-Côte-Nord sont sensibles à la prédation par certains mammifères terrestres (ex. le renard), mais également au dérangement provoqué par différentes activités humaines (bateaux à moteurs, collectes d’œufs d’oiseaux, etc.). Il est donc primordial de poursuivre les efforts de sensibilisation, d’éducation, de surveillance et de recherche dans les refuges de la Basse-Côte-Nord afin de favoriser le rétablissement et le maintien de ces colonies d’oiseaux marins.
Justement, à cet effet, plusieurs propositions d’aires marines protégées recoupant certains de ces refuges d’oiseaux migrateurs seront en discussion dans le cadre de l’appel à projets du gouvernement du Québec, qui vise à protéger 30% du territoire marin et terrestre. Voilà donc l’occasion parfaite de remettre de l’avant l’importance de déployer des mesures de conservation qui bénéficieront directement aux espèces qui fréquentent les refuges d’oiseaux migrateurs au Québec!

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