Espace Presse

23 février, 2021
La rivière Magpie est reconnue comme une « personne juridique », une première au Canada

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Communiqué de presse

EKUANITSHIT, QC ET HAVRE-SAINT-PIERRE, QC, le 23 févr. 2021 – L’Alliance Muteshekau-shipu annonce aujourd’hui l’octroi d’une « personnalité juridique » à la rivière Muteshekau-shipu (rivière Magpie) par le biais de l’adoption de deux résolutions miroir du Conseil des Innu de Ekuanitshit et de la MRC de Minganie. La rivière se voit ainsi attribuée neuf droits, ainsi que d’éventuels gardiens légaux chargés notamment de veiller au respect de ces droits.

Cette annonce est faite en partenariat avec l’Observatoire International des Droits de la Nature (OIDN), basé à Montréal, qui a rédigé les résolutions en collaboration avec l’Alliance. Les deux résolutions, de plus de dix pages chacune et étoffées de références, sont basées sur de nombreux fondements juridiques du droit national et international et permettront de protéger la rivière.

« La reconnaissance des droits de la Nature est un mouvement mondial qui prend de plus en plus d’ampleur, et le Canada et le Québec s’y joignent aujourd’hui avec un premier cas, souligne Yenny Vega Cardenas, présidente de l’OIDN. La rivière Magpie représentait le cas parfait grâce au consensus pour sa protection de la part des acteurs impliqués et de sa renommée internationale. »

Plusieurs initiatives de reconnaissance des droits de la Nature ont eu lieu dans le monde via divers mécanismes légaux, notamment en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et en Équateur. 

Gardiens légaux du territoire

En tant que personne juridique, la rivière Magpie possède désormais des droits qui lui sont spécifiques, au même titre qu’un être humain ou qu’une corporation. Parmi les droits attribués par voie de résolution, on compte notamment le droit au respect de ses cycles naturels, le droit de maintenir son intégrité ou le droit d’ester en justice. Les résolutions prévoient également la nomination de « gardiens » dont les responsabilités et fonctions leur permettront de veiller sur le respect des droits de la rivière – incluant devant les tribunaux – mais aussi d’assurer une intendance et une mise en valeur de la rivière plus décentralisée. Ces gardiens seront nommés conjointement par le Conseil des Innu de Ekuanitshit et la MRC de Minganie.

« Les personnes les plus proches de la rivière seront celles qui veilleront désormais sur elle, déclare Jean-Charles Piétacho, chef du Conseil des Innu de Ekuanitshit. Les Innus de Ekuanitshit ont toujours été les protecteurs du Nitassinan et continueront de l’être à travers la reconnaissance des droits de la rivière Muteshekau Shipu. »

« Cette reconnaissance favorise la protection des écosystèmes de la rivière Magpie et permet à nos communautés locales de partager et conserver leurs activités récréotouristiques et traditionnelles », affirme Luc Noël, préfet de la MRC de Minganie.

Une rivière de renommée internationale

La rivière Magpie, longue de près de 300 km, prend source à la frontière Québec-Labrador et se jette dans le fleuve à la municipalité de Rivière-Saint-Jean et Magpie, en Minganie. La rivière est reconnue mondialement pour ses rapides et pour les expéditions en eaux-vives, notamment par le prestigieux magazine National Geographic, qui l’a classée parmi les dix meilleures au monde pour le rafting. Sa protection fait l’objet d’un consensus régional, mais le projet d’y décréter une aire protégée est freiné depuis des années par Hydro-Québec, à cause de son potentiel hydroélectrique.

 « Il s’agit pour nous d’une façon de prendre les choses en main et d’arrêter d’attendre après le gouvernement du Québec et Hydro-Québec pour protéger cette rivière unique, explique Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec). Après une décennie de sourde oreille de la part du gouvernement, la rivière Magpie est désormais protégée à titre de personne juridique. »

« La reconnaissance des droits de la Nature est un mouvement mondial qui prend de plus en plus d’ampleur, et le Canada et le Québec s’y joignent aujourd’hui avec un premier cas. La rivière Magpie représentait le cas parfait grâce au consensus pour sa protection de la part des acteurs impliqués et de sa renommée internationale. »

Yenny Vega Cardenas, présidente de l’Observatoire International des Droits de la Nature (OIDN)

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L’Alliance Mutehekau-shipu a pour objectif la protection et la mise en valeur de la rivière Magpie, ainsi que la reconnaissance de ses droits. Pour cela, elle mise sur l’importance de la rivière pour les Innu et les communautés locales, sur sa renommée internationale et sur son immense potentiel récréotouristique. Notre Alliance fait la promotion d’une rivière à l’abri du développement hydroélectrique, où la vocation naturelle de celle-ci, les usages traditionnels autochtones et les activités récréotouristiques sont mises de l’avant au bénéfice de nos communautés. Ses membres fondateurs sont le Conseil des Innu de Ekuanitshit, la MRC de Minganie, la SNAP Québec et l’Association Eaux-Vives Minganie.


CONTACTS

Observatoire international des droits de la Nature
Yenny V. Cardenas, présidente
(514) 971-8495
presidence.oidn@observatoirenature.org

Conseil des Innu de Ekuanitshit
Jean-Charles Piétacho, chef
(418) 965-7593
chef.conseil@ekuanitshit.ca

MRC de Minganie
Luc Noël, préfet
(418) 538-6099
prefet@mrc.minganie.org

SNAP Québec
Clélia Germain, Coordinatrice aux communications 
(438) 377-3562
communications@snapquebec.org

Association Eaux-Vives Minganie
Mathieu Bourdon, président
Mathieu.bourdon@hotmail.com
(418) 949-2707