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Directeur conservation et climat à la SNAP Québec
Dans une nouvelle capsule vidéo, la SNAP Québec, Nature Québec et leurs partenaires du projet Nature alliée exposent de façon simple et éclairée le rôle crucial que jouent nos milieux naturels dans la régulation du climat. Cette vidéo fait partie d’une série qui vise à sensibiliser le public sur l’importance de la protection de la nature pour lutter contre les changements climatiques tout en démontrant comment les perturbations humaines viennent accélérer la libération du carbone stocké dans la végétation et les sols.
Comment nos écosystèmes captent-il et stockent-ils le carbone?
Les arbres absorbent le gaz carbonique (CO₂) de l’atmosphère grâce à la photosynthèse, un processus durant lequel ils utilisent la lumière du soleil pour transformer le CO₂ de l’atmosphère en oxygène et en sucre. Ces sucres sont ensuite utilisés pour la croissance de l’arbre, ce qui permet au carbone qui était présent dans l’atmosphère de se retrouver stocké dans le tronc, les branches et les racines des arbres. Ce que peu de gens savent, c’est qu’avec le temps, le carbone des forêts s’accumule en très grandes quantités dans les sols. Le stockage de carbone dans les sols est particulièrement important dans les environnements plus froids, comme en forêt boréale, et aussi là où la décomposition est plus lente, comme dans les tourbières et autres milieux humides.
En retirant le carbone de l’atmosphère et en le stockant pendant des décennies, voire des siècles, les milieux naturels agissent comme un bouclier contre les changements climatiques. Plus le temps passe, plus ils accumulent du carbone et le gardent hors de l’atmosphère. Séquestré de cette façon, le carbone ne peut pas contribuer aux changements climatiques comme lorsqu’il est présent dans l’air sous forme de CO2 ou de méthane. Les perturbations naturelles, telles que les feux, relâchent périodiquement dans l’atmosphère une partie de ce carbone contenue dans les arbres, mais très peu celle contenue dans le sol. Le carbone réémis est cependant recapté lors de la repousse des jeunes forêts, dans un équilibre variant au gré du climat planétaire.
Au Québec, les immenses forêts et nombreux milieux humides permettent le stockage de plusieurs milliards de tonnes de carbone dans la végétation et les sols depuis des millénaires. Au niveau mondial, les forêts du globe stockent plus de carbone que tous les gisements d’énergies fossiles réunis.1 Si la protection de ces écosystèmes permet de lutter contre la crise du climat, leurs perturbations entraînent de leur côté une diminution de la séquestration, voire même la libération de ce carbone vers l’atmosphère, et augmentent donc l’effet de serre.
Pourquoi le rajeunissement des forêts impacte-t-il le cycle du carbone?
Les coupes forestières ont drastiquement réduit la moyenne d’âge des forêts au Québec. Des analyses de la forêt préindustrielle montrent que plus de 60% à 75% des forêts du début du siècle dernier étaient âgées de cent ans et plus.2 Près de cent ans plus tard, les derniers grands massifs boréaux près de la limite nordique des coupes forestières couvrent moins de 15% de toute la forêt commerciale.3 Puisque le processus permettant de stocker le carbone dans la végétation et les sols prend du temps, le rajeunissement des forêts a une incidence sur la capacité des forêts à stocker ce carbone. Les jeunes forêts, bien qu’elles poussent plus rapidement, ont typiquement des stocks de carbone moindre que ceux des vieilles forêts qui ont accumulé ce carbone pendant des décennies, voire des siècles.
Il est donc important de comprendre que la coupe forestière est une activité qui a un impact sur le climat en perturbant les stocks de carbone forestier, s’additionnant aux perturbations naturelles et augmentant la proportion de jeunes forêts. Or, plus le climat change, plus on observe une augmentation des phénomènes extrêmes, comme les sécheresses et les incendies de forêt, qui, à leur tour, causent des émissions de carbone dans l’atmosphère. C’est l’effet « boule de neige » des changements climatiques…

Comment retrouver un équilibre?
La foresterie et le bois qu’elle fournit peuvent permettre de remplacer d’autres matériaux énergivores, comme le béton, et ainsi diminuer les émissions de GES du secteur de la construction. De son côté, la protection des forêts offre une solution climatique immédiate et essentielle en protégeant d’importants stocks de carbone déjà en place et la biodiversité qui y est associée.
Le défi qui se pose est de trouver un équilibre où l’aménagement forestier minimise son empreinte climatique et où la conservation permet tout de même une activité économique viable dans les régions forestières. Le projet Nature alliée travaille donc de concert avec plusieurs partenaires du milieu pour aider à atteindre la cible de 30% d’aires protégées tout en assurant la viabilité des communautés qui dépendent de la forêt. Restez à l’affût des prochaines capsules Nature alliée!
1 Pan, Y., Birdsey, R.A., Fang, J., Houghton, R., Kauppi, P.E., Kurz, W.A., Phillips, O.L., Shvidenko, A., et al. (2011). A large and persistent carbon sink in the world’s forests. Science 333, 988–993; Pan, Y., Birdsey, R.A., Phillips, O.L., Jackson, R.B. (2013). The structure, distribution, and biomass of the world’s forests. Annu. Rev. Ecol. Evol. Syst. 44, 593–622.
ET
Five Reasons the Earth’s Climate Depends on Forests https://web.archive.org/web/20250117174128/https://www.climateandlandusealliance.org/scientists-statement/
2 Boucher, Y., Arseneault, D., Sirois, L. et al. Logging pattern and landscape changes over the last century at the boreal and deciduous forest transition in Eastern Canada. Landscape Ecol 24, 171–184 (2009). https://doi.org/10.1007/s10980-008-9294-8
3 Mackey, B.; Campbell, C.; Norman, P.; Hugh, S.; DellaSala, D.A.; Malcolm, J.R.; Desrochers, M.; Drapeau, P. Assessing the Cumulative Impacts of Forest Management on Forest Age Structure Development and Woodland Caribou Habitat in Boreal Landscapes: A Case Study from Two Canadian Provinces. Land 2024, 13, 6. https://doi.org/10.3390/land13010006

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