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Communiqué de presse
Montréal, le 25 juillet 2024 – La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) dénonce une attitude irresponsable du gouvernement du Québec et appelle celui-ci à publier sa stratégie complète pour la protection du caribou forestier plutôt que de se lancer dans la désinformation et les campagnes de peur. Dans une lettre adressée au ministre fédéral de l’Environnement et publiée hier, les ministres provinciaux de l’Environnement et des Ressources naturelles affirment, entre autres, que le décret d’urgence imposé par Ottawa est “illégitime”, que les populations de caribou au Québec se portent bien et que les impacts du décret fédéral seront catastrophiques. Ces affirmations sont fausses et ne font qu’éloigner le Québec de réelles solutions pour le caribou, la forêt publique et les communautés qui en dépendent.
« On a là deux élèves qui n’ont pas fait leurs devoirs, ont échoué à leur examen et qui, plutôt que d’enfin se retrousser les manches et faire le travail nécessaire, décident de jouer les victimes et d’aller se plaindre au directeur d’école. La seule et unique façon pour le gouvernement québécois de sortir de ce bourbier sera en passant enfin à l’action », déclare Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation à la SNAP Québec.
Déni de la science et de la loi
L’imposition d’un décret d’urgence de la part du gouvernement fédéral fait suite à plus de six ans d’attente d’une stratégie provinciale pour le caribou et à quatre reports successifs. À l’heure actuelle, les données scientifiques montrent que la quasi-totalité des populations de caribous au Québec est en déclin à cause d’un habitat trop perturbé ou de taux de croissance trop faibles.
Quant à la validité du décret d’urgence fédéral, rappelons que la Loi sur les espèces en péril agit comme filet de sécurité dans les cas où la province échoue à protéger une espèce inscrite et son habitat. Les deux paliers de gouvernement ont des compétences en matière de protection de la biodiversité et dans le cas précis du caribou, le fédéral a l’obligation d’intervenir en raison des menaces qui planent sur l’espèce et de l’inaction du Québec. La Cour d’appel fédérale a d’ailleurs conclu qu’un décret d’urgence similaire était valide constitutionnellement dans le cas de la rainette faux-grillon en 2020.
Campagne de peur
La SNAP Québec remet en question le lien fait par le gouvernement du Québec entre la perte de possibilité forestière et les impacts sur l’emploi. Selon le Forestier en chef du Québec, l’impact du décret fédéral correspond à environ 4% des possibilités forestières annuelles, soit 1,4 million de m3 de bois. Or, en 2023, les possibilités forestières à l’échelle de la province ont augmenté de 3%. L’imposition du décret fédéral ramènerait grosso modo les volumes de bois disponibles pour l’industrie à ce qu’ils étaient avant 2023.
Par ailleurs, le scénario le plus strict pour le caribou présenté par la commission indépendante du gouvernement en 2022 prévoyait une perte maximale de 841 emplois à l’échelle provinciale, sur les 60 000 emplois du milieu forestier. C’est loin des 2000 emplois avancés par Québec, et ce uniquement pour la zone touchée par le décret fédéral.
La SNAP Québec encourage le gouvernement du Québec à saisir cette occasion pour négocier et conclure une entente pour la protection de l’habitat du caribou dans son ensemble, en incluant la contribution financière du gouvernement fédéral et le leadership des Premières Nations.
« Des solutions comme la redistribution des impacts sur les volumes de bois entre les différents acteurs industriels et un accompagnement pour une transition juste des travailleurs doivent être étudiées par les gouvernements. Or, ces analyses ne peuvent être faites que sur la base d’une stratégie pour l’ensemble du Québec et dont les modalités sont claires », conclut M. Boudreault.
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CONTACT
Charlène Daubenfeld
Directrice des communications
SNAP Québec
Cell : 514 378-3880
communications@snapquebec.org